Dossiers spéciaux

Prise en main de Blackmagic Ursa Broadcast G2

CAMERA 3 EN 1

Publié le 30/03/22

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Blackmagic Design aime surprendre ! Il y a dix ans, lorsque la première Blackmagic Cinema Camera parut, la richesse des fonctionnalités et l’originalité de la proposition ne laissèrent personne indifférent. L’Ursa Broadcast G2 perpétue la tradition avec notamment l’adoption d’une monture dédiée et une conception ingénieuse qui permet de l’exploiter en studio ou dans une configuration cinéma numérique.

Tournage avec une caméra Ursa Broadcast G2. © Loïc Gagnant

L’impatience fut d’autant plus grande qu’il fallut de nombreux mois au fabricant pour fiabiliser ce premier modèle et proposer des stocks suffisants. Aujourd’hui la gamme s’est enrichie et stabilisée.

Avec une large plage dynamique, un espace colorimétrique étendu et un enregistrement en Raw, plusieurs caméras Blackmagic ciblent le marché du cinéma numérique. D’autres sont, dans la forme et les fonctions, destinées aux studios. Les modèles professionnels Ursa partagent une base technique et une esthétique.

L’Ursa Broadcast G2, avec notamment l’adoption d’une monture dédiée, tente une incursion dans le reportage TV et le broadcast en général. Mais une conception ingénieuse permet de l’exploiter en studio ou dans une configuration cinéma numérique. C’est le mix de ses qualités qui semble être son plus grand atout, en permettant à l’utilisateur de ne pas choisir entre esthétique et praticité et d’adapter la caméra à ses besoins.

 

Devant de la caméra Ursa Broadcast G2 en test. © Loïc Gagnant

Description

À l’ouverture du carton, la prise en main est rassurante. Conçue en alliage de magnésium selon la forme dorénavant habituelle aux modèles Ursa, le corps de la caméra pèse à lui seul 3,55 kg. Le chemin de ventilation est généreusement prévu pour une bonne circulation de l’air de bas en haut, même lorsque l’Ursa arbore son épaulière. Un large ventilateur blanc, bien en évidence au bas de la caméra, attire l’œil. Il s’avère d’une qualité suffisante pour rester discret. C’est en position caméra épaule qu’il se fait le plus entendre, l’oreille étant alors juste à la sortie du chemin de ventilation.

Livrée avec la poignée Ursa Mini Top Handle et l’épaulière Ursa Mini Shoulder Pad, elle est équipée « de base » d’une monture pour objectifs broadcast B4 et fournie avec un adaptateur pour optiques canon EF. La mini épaulière fait également office de baseplate pour semelle à attache rapide et est prête à recevoir des tiges aluminium pour l’installation de mattebox et de portes filtres. Nu (sans poignée ou épaulière), quatre pas de vis un quart de pouce en haut et en bas de la caméra permettent son installation sur des grues, support ou autres rigs. Une fois solidement attaché à l’Ursa, la poignée propose trois pas de vis.

 

 

Arrière de la caméra URSA Broadcast G2 en test © Loïc Gagnant

 

Dessus de la caméra Ursa Broadcast G2. © Loïc Gagnant

Comment nourrir son Ursa ?

Pour l’alimentation, un support pour batteries V-lock est installé et un modèle pour batteries Gold mount est disponible en option (85 euros). L’alimentation secteur est également incluse. D’autres batteries ou alimentations externes peuvent être connectées à la prise XLR 4 broches.

 

 

Caméra Ursa Broadcast G2 avec adaptateur d’objectifs monture EF. © DR

Commandes, réglages et pilotage par Apps externes

Comme sur les Pocket Cinema Camera, on accède au logiciel de réglage de la caméra via l’écran tactile de 4 pouces (10 cm) de diagonale. Mais sur l’Ursa, des sélecteurs et boutons physiques et trois touches de fonctions assignables donnent également accès aux principaux réglages, dont le diaphragme, la balance des blancs, le volume du casque ou la sensibilité. Le logiciel est commun à toutes les caméras du constructeur, la prise en main en est facilitée. Installée sur une grue, la caméra peut être contrôlée en bluetooth avec l’App iPad Blackmagic ou des applications iOS ou Android développées par des éditeurs externes.

Viewfinder installé sur la Caméra URSA Broadcast G2 © Loïc Gagnant

Faut-il investir dans l’œilleton ?

Notre modèle de test nous a été livré avec le viseur à œilleton optionnel dédié à la gamme Ursa, le Blackmagic Ursa Viewfinder (1 449 euros). Son écran Oled haute définition, son optique en verre et la qualité de l’assemblage sont véritablement impressionnants. Le viseur se loge dans une glissière usinée dans la poignée et se connecte à la sortie SDI et l’alimentation 12 V dédiées. Dans une configuration reportage, caméra à l’épaule, l’œilleton devient indispensable. Lorsque l’écran vidéo est fermé, un petit écran LCD rétroéclairable affiche les principales informations et le niveau audio.

 

 

Connexion du visualiseur Ursa viewfinder à la caméra Ursa Broadcast G2. © Loïc Gagnant

Les connectiques

Les connexions vidéo IN et OUT jusqu’au format UHD 2160p60 exploitent les solides prises professionnelles 12G-SDI à l’arrière de la caméra, jouxtant la batterie ; les micros se connectent en XLR et la prise casque intercom en mini-jack. Une prise USB-C permet les mises à jour logicielles. Un connecteur 12 pin Hirose pour objectif broadcast fait honneur à la cible de cette caméra.

 

 

 

 

A gauche.: Installation de l’adaptateur pour objectifs Broadcast B4, une pièce maîtresse de la caméra URSA Broadcast G2. A droite, en haut : Installation de l’épaulière URSA Mini Shoulder Pad. En bas : Installation de la poignée URSA Mini Top Handle. © Loïc Gagnant

 

Son

La qualité des préamplificateurs et enregistreurs audio des caméras Blackmagic est aujourd’hui reconnue. L’Ursa Broadcast G2 propose les fonctionnalités habituelles et nécessaires sur un modèle reportage. Une alimentation 48 volts pour les microphones électrostatiques peut être activée sur chaque prise XLR et deux boutons rotatifs sont dédiés aux réglages des niveaux de chaque entrée affichée sur l’écran LCD.

 

Capteur et sensibilité

Le gain de la caméra est réglable de -12 dB (100 ISO) à +36 dB (25 600 ISO). On retrouve sur l’Ursa Broadcast G2 la fonctionnalité de double ISO natif, à 400 ISO (OdB) pour l’éclairage studio et l’extérieur et 3 200 ISO (18 dB) pour les faibles éclairages. Le premier ISO natif est actif de 100 à 1 000 ISO, le second de 1 250 à 25 600 ISO. Nous avons obtenu de bons résultats en basse lumière.

Réalisées dans des conditions similaires, les images s’approchent fortement de celles obtenues avec la Pocket Cinema Camera 6K Pro. La cible principale étant le broadcast, le réglage de gain se fait en dB, mais pour répondre aux attentes des chefs opérateurs, plus habitués aux terminologies cinématographiques, la possibilité d’un double affichage (dB/ISO) serait bienvenue (peut-être via un futur firmware ?).

 

Sur le départ d”un tournage © Loïc Gagnant

Broadcast

Nous avons retrouvé les sensations des caméras broadcast de reportage, avec en prime une agréable impression de surclassement grâce aux fonctionnalités et à la qualité d’image du capteur. Les optiques B4 Broadcast offrent une prise en main idéalement adaptée au reportage. Logée dans sa poignée, la main droite stabilise naturellement et accompagne les mouvements tout en pilotant le zoom optique. La main gauche peut régler la mise au point et le diaphragme si la caméra est en mode manuel.

Ces optiques disposent d’un réglage de tirage optique permettant de conserver la mise au point tout au long de la plage focale. Le capteur de l’Ursa Broadcast G2 est un modèle Super 35 mm de 23,10 mm x 12,99 mm. Les optiques broadcast étant prévues pour couvrir un capteur d’une taille maximum de deux tiers de pouce, Blackmagic a développé une des pièces maîtresses de la caméra : un adaptateur optiquement actif qui présente aux optiques broadcast une surface équivalente à celle d’un capteur deux tiers de pouce en ciblant une partie fenêtrée en UHD (3 840 x 2 160) du capteur 6K. Les sensations et la profondeur de champ sont les mêmes que sur une caméra deux tiers de pouce traditionnelle.

Parmi les fonctionnalités dédiées au broadcast, une entrée pour générateur de timecode permet de synchroniser plusieurs caméras pour faciliter le montage ultérieur des captations multicaméras.

 

Filtres ND

Trois filtres neutres (1/4, 1/16 et 1/64 – 2 diaphs, 4 diaphs et 6 diaphs) réduisent la lumière pénétrant la caméra et autorisent des réglages personnalisés de l’exposition (diaphragme et temps d’exposition). La perte de luminosité peut être affichée sur l’écran LCD sous forme de fraction ou de réduction du nombre de diaphs (f-stops).

 

Cinéma numérique

Le capteur 6K (6 144 x 3 456) Super 35 mm offre une plage dynamique de 13 diaphs. Pour exploiter l’Ursa Broadcast G2 dans une configuration de cinéma numérique optimale, il faut lui associer des optiques exploitant nativement son capteur et proposant le jeu sur la profondeur de champ attendue dans cette configuration. Il est alors possible d’isoler un acteur dans le champ grâce à une faible profondeur de champ et un flou (bokeh) adapté à l’écriture cinématographique.

Avant de pouvoir installer nos optiques Canon EF, il faut délicatement ôter les cinq vis allen fixant l’adaptateur B4 pour le remplacer par le modèle EF fourni. Deux adaptateurs optionnels sont dédiés aux optiques de cinéma en monture PL (215 euros) ou aux objectifs F Nikon (325 euros).

 

Filmer en Raw

Pour exploiter toute la richesse du capteur, le format idéal nativement disponible avec l’Ursa est le Blackmagic Raw récemment développé par les ingénieurs de la marque et associé à la science colorimétrique Blackmagic génération 5. Le signal est enregistré en 12 bits selon une courbe logarithmique optimisant les informations dans les hautes lumières et les ombres. Le principe du format Raw est de conserver le maximum des informations issues du capteur en enregistrant les choix du chef opérateur sous forme de métadonnées modifiables en postproduction.

Pour contrer la difficulté de traitement habituelle des formats Raw, Blackmagic a déporté une partie du traitement dans la caméra. Pour visualiser correctement les images « log », des Luts 3D personnalisées (ou nativement disponibles) peuvent être appliquées aux images dans le visualiseur et éventuellement intégrées aux métadonnées. Un clap numérique intégré à l’Ursa permet d’ajouter des informations à chaque prise, notamment les caractéristiques des objectifs compatibles.

 

 

En configuration studio © Blackmagic design

Caméra de studio

Plusieurs fonctionnalités sont dédiées à une utilisation en studio. Des commandes de réglage Focus Demand et Zoom Demand peuvent être installées sur les bras des trépieds pour piloter des objectifs type « photo ». Associé à un mélangeur, le bouton PGM permet d’afficher le retour du programme dans le visualiseur de la caméra pour que l’opérateur suive la captation lorsqu’il n’est pas à l’antenne. Les régies Atem peuvent piloter des Ursa Broadcast G2 via leurs connexions SDI Input.

La correction colorimétrique (via le correcteur YRGB intégré), la lumière de tally (rouge caméra) et le contrôle des objectifs peuvent se faire via le logiciel Atem Software Control gratuit ou avec l’Atem Camera Control Panel (2 579 euros) qui propose sur une simple surface le réglage type CCU (camera control unit) de quatre caméras.

Blackmagic propose pour les caméras de studio des convertisseurs fibres. L’un se connecte à l’arrière de la caméra, l’autre s’installe en régie près du mélangeur. L’alimentation de la caméra est également transportée via un câble fibre hybride SMPTE permettant d’écarter la caméra de la régie jusqu’à deux kilomètres. Chaque convertisseur coûte 2 525 euros.

 

Enregistrement

L’enregistrement peut se faire sur trois supports différents grâce à deux logements pour cartes SD UHS-II, deux autres pour cartes CFast 2.0 ou via une prise USB-C haute vitesse installée à l’arrière de la caméra pour y connecter des disques SSD externes. Les vitesses et les formats acceptés dépendent des vitesses des cartes ou des disques durs choisis. La connexion de disques SSD « grand public » en USB-C permet un enregistrement Raw abordable. En plus du Blackmagic Raw, l’enregistrement exploite les formats H-264 (HD), H-265 (UHD) ou Apple ProRes et Apple ProRes HQ (HD et UHD), en vidéo ou extended vidéo (vidéo à plage dynamique étendue) ou en mode film (gamut et dynamique étendue). Une Lut personnalisée d’enregistrement peut même être intégrée dans la caméra.

Les formats H-264 et H-265 autorisent des fortes compressions pour des enregistrements longues durées ou des qualités supérieures en mode SDI 10 bits 422 (de 1,8 à 12,3 MB/sec). Les débits en Apple ProRes et Apple ProRes HQ s’étendent de 18,4 à 110 MB/sec. Une grande granularité de formats Raw à qualité constante ou débit constant couvrent les résolutions de la HD au 6K, avec des débits allant de 5,2 à 483 MB/sec. Un enregistreur optionnel Blackmagic Ursa Mini Recorder, installable entre la caméra et la batterie, accueille des disques SSD 2,5 pouces dont les nouveaux modèles ultra rapides NVMe U.2.

Les supports d’enregistrement les plus véloces seront nécessaires pour les plus gourmands des formats. L’Ursa Broadcast G2 peut enregistrer à haute vitesse pour la réalisation de ralentis : jusqu’à 60 images par seconde en UHD (ou en 6K 2.4:1) et 150 images par seconde en HD. Le bouton HFR permet de passer rapidement d’une cadence de captation « habituelle » à une haute vitesse selon un choix préalablement effectué depuis le menu.

 

En configuration reportage ENG © Blackmagic Design

Conclusion

Habitués à la généralisation des caméras grand-capteurs, nous avons été heureux de reprendre en main une caméra de reportage type ENG (Electronic News Gathering). Le mariage des technologies est séduisant. Nous aurions apprécié pouvoir retourner l’écran vidéo pour le cadrage de plateaux improvisés solitaires. Avec ses accessoires intégrés (poignée, épaulière et l’adaptateur d’objectifs) le tarif de l’Ursa Broadcast G2 (3 389 euros) est compétitif face aux modèles Ursa Mini Pro 4,6K G2 ou 12K.

 

 

Article paru pour la première fois dans Moovee #10, p.18/22