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Les vétos, un premier film « serein »
TOURNAGE AVEC DES ANIMAUX
Publié le 13/05/20
Rédigé par Emma Mahoudeau Deleva
Producteur au sein d’UGC, Yves Marmion a eu l’idée de ce film, Les vétos dont il a confié la réalisation à Julie Manoukian (coscénariste d’Interrail), une balade au cœur du Morvan dont elle a aussi écrit le scénario et les dialogues. Focus sur ce film qui traite d’un sujet au cœur de l’actualité, la difficulté de trouver un successeur dans un métier pourtant essentiel à la vie agricole. Un thème grave, rendu avec finesse et humour.
Il est des films dont on ressent à l’image que tout s’est bien passé et que le tournage a été serein. C’est le cas avec Les vétos. « J’avais envie de produire un film sur les problèmes de désertification à la campagne, du point de vue des vétérinaires », explique Yves Marmion. Il contacte alors Julie Manoukian qu’il avait rencontrée sur un projet qui n’avait pas abouti. Ayant en mémoire sa sensibilité, il lui propose alors de réfléchir à ces thèmes. Elle lui propose alors l’idée d’un vétérinaire cherchant à transmettre sa clientèle, empêtrée dans un quotidien compliqué. « J’ai ensuite suggéré qu’elle le réalise, j’ai déjà produit de nombreux premiers films. Ensuite tout s’est déroulé de manière harmonieuse tant à l’écriture qu’aux autres étapes », glisse-t-il.
Yves Marmion prend grand soin de cette étape, appréciant intervenir dans le scénario. Dans le cas des Vétos, il était important de respecter les spécificités de la réalité sociale de ce métier à la campagne. « Je n’interviens pas dans le tournage, sauf s’il y a des catastrophes. De même, je suis très présent à la phase du montage. » Tout de suite, ils tombent d’accord sur Clovis Cornillac pour incarner le vétérinaire. « S’il n’avait pas été libre ou n’avait pas aimé le rôle, nous aurions été sacrément ennuyés », sourit-il. Julie Manoukian le convainc. Après un casting important, leur choix se porte sans hésiter sur Noémie Schmidt pour incarner Alex, la jeune recrue. Vient ensuite la phase des rôles secondaires où il ne fallait surtout pas qu’ils « aient l’air de Parisiens déplacés dans le Morvan ». Ces étapes passées, se posa ensuite la question du lieu de tournage. Si Julie Manoukian avait imaginé l’histoire dans le Jura, le besoin d’une animalière, Muriel Bec en l’occurrence, basée vers Orléans, rendait la distance trop importante. C’est donc dans le Morvan, dans le village de Mhère, que s’installe le tournage.
Mais avant tout, il fallait boucler le budget à hauteur de 5,5 millions d’euros. « UGC étant producteur et distributeur, nous avions une base de financement. » OCS entre dans l’aventure tout comme France 3 Cinéma, après un entretien serré avec la réalisatrice. Autre aléa, la météo qui sera aussi du côté des Vétos, puisqu’il n’y eut aucun jour de pluie dans ce mois de septembre. « Le montage a aussi été très fluide. Le dernier élément était la musique, outre Moriarty, nous avons trouvé Matei Bratescot qui a donné la couleur générale », reprend Yves Marmion. Restait à trouver la bonne date de sortie.
« Tout le monde a joué le jeu. L’ambiance du tournage était très agréable. Tourner avec des animaux n’a pas été compliqué car nous avons suivi les dresseurs et parfois réécrit des scènes. Cela demande plus de temps », convient le producteur. L’une des scènes délicates était le vêlage et, coup de chance, non seulement l’actrice a accepté et surtout une vache a mis bas au bon moment, permettant de filmer cette naissance en vrai.
Sur la difficulté d’accompagner un premier film, le producteur convient qu’une grande part tient à l’entente, au respect mutuel avec le créateur. « Cela peut être compliqué si le jeune metteur en scène n’est pas réceptif à ce que le producteur entend apporter. On se rend vite compte pendant la période d’écriture et de préparation si humainement on ne va pas s’accorder. Le producteur a des contraintes de budget, de temps de tournage, qu’il ne peut pas dépasser, notamment. » C’est au moment de la préparation, dans le cas d’un premier film, qu’il conseille de bien caler le découpage, d’épauler le jeune réalisateur avec un assistant solide.
Yves Marmion voit son métier de producteur comme un chef d’orchestre, animant la mise en scène, les finances. Il peut être aussi compositeur quand il est à l’origine de l’idée. « À l’arrivée, le but est de sortir le film », rappelle-t-il. Travailler au sein d’une société comme UGC, est une contrainte positive. « Le distributeur a une vision du marché. C’est aussi sain que le producteur soit confronté aux réalités. Un film coûte beaucoup d’argent, surtout avec des animaux et un tournage avec de nombreuses scènes tournées en extérieur », souligne Yves Marmion.
L’important selon lui, pour un producteur est d’avoir un goût solide et de savoir gérer les rapports humains. « Il est important de savoir parler, concilier, mais pas imposer même si, in fine, il faut respecter les contraintes économiques. Le cinéma est un métier humain, mais aussi très anxiogène. » Il n’est malheureusement pas rare d’avoir travaillé sur un film pendant deux ans et que celui-ci ne trouve pas son public. « C’est un beau métier, mais il faut avoir le cuir dur. Il faut que les jeunes producteurs soient préparés », conclut Yves Marmion.
FICHE TECHNIQUE
Date de sortie : 1er janvier 2020
Réalisatrice : Julie Manoukian
Producteur : Yves Marmion (UGC-Les Films du 24)
Chaînes : OCS
Soutiens : France 3 Cinéma
Distributeur : UGC
Vendeur international : Orange
Article paru pour la première fois dans Moovee #2, p.68/69. Abonnez-vous à Moovee (6 numéros/an) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.