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Expérience à l’international pour les jeunes diplômés

ANIMATION

Publié le 23/08/20

Le RECA porte son regard sur les opportunités de l’ouverture internationale de la filière pour les jeunes talents français…

© AdobeStock / lassedesignen

Réseau associatif regroupant aujourd’hui 28 écoles françaises de cinéma d’animation, le RECA organise tous les ans une table ronde lors du Marché du Film d’Animation d’Annecy.

Co-animateurs de cette intervention, Emmanuel Peter, administrateur du RECA et directeur de l’IIM ainsi que le directeur d’ArtFX, Joël Da Silva, ont convié trois jeunes professionnels qui nous ont fait part de leurs expériences. L’animation et les effets spéciaux restent des secteurs où l’on peut facilement voyager et ce panel a mis en lumière tous les avantages de cette mobilité en dispensant en prime une série de conseils !

Anastasia Heinzl est scénariste. Après une licence LGPA en production aux Gobelins il y a un peu plus de dix ans, elle s’est orientée vers l’écriture avec un passage au conservatoire européen d’écriture audiovisuelle. Après avoir commencé comme coordinatrice d’écriture chez Studio 100 à Paris, elle est partie travailler en Finlande. Anastasia est actuellement scénariste pour Empreinte Digital et Xilam.

Morgane Herbstmeyer est digital matte painter. Diplômée d’ArtFX en juin 2019, elle travaille pour la société londonienne One of Us depuis août 2019.

Pierre Friquet, dont le nom d’artiste est Pyaré, est designer d’expériences immersives. À 18 ans, il a rejoint le Film Intelligent Institute of India près de Bombay, en Inde (l’équivalent de la Fémis). Après un passage en Afrique du Sud où il a commencé à concevoir des expériences de réalité virtuelle, il est parti pour Montréal avant de revenir en France il y a deux ans.

 

Quels sont les avantages d’une expérience à l’étranger ?

« Partir à l’étranger lorsque l’on est étudiant est très bénéfique. Ne serait-ce que deux mois peuvent donner un aperçu de ce qui se passe ailleurs et faciliter des rencontres qui seront déterminantes pour bâtir un projet professionnel », explique en introduction Morgane Herbstmeyer.

« Dans les villes comme Londres, qui représentent des plates-formes internationales pour les VFX, les équipes viennent de partout. On est donc confronté à une grande diversité de cultures et d’approches techniques dans la mesure où l’on n’apprend pas les choses de la même manière aux quatre coins du monde », souligne-t-elle.

« L’exposition à d’autres cultures de travail vécue au travers d’expériences internationales est irremplaçable », confirme Pierre Friquet.

« Effectivement, je ne connais personne qui ait regretté de s’expatrier… C’est une chance extraordinaire ! », abonde également Anastasia Heinzl…

 

Comment trouver son stage ou le premier emploi de vos rêves ?

« Il ne faut pas hésiter à poser sa candidature sur le site des sociétés ou toucher le recruteur sur LinkedIn… Son métier étant de repérer les talents, il sera toujours à l’écoute ! Il y a aussi les conférences et les Festivals », témoigne Anastasia Heinzl.

« Effectivement rencontrer les gens en amont représente toujours un plus. Les dispositifs de meets-up, très fréquents au Québec et aux États-Unis, un peu moins en France, sont aussi très intéressants car on y rencontre à la fois des professionnels et des non-professionnels », complète Pierre Friquet.

« Pour les opportunités réservées aux jeunes qui sortent d’écoles, le programme européen ASF (Animation Sans Frontières) peut aussi représenter une belle opportunité. C’est un programme où, pendant huit semaines, une quinzaine d’étudiants européens sélectionnés visitent quatre écoles d’animation à travers l’Europe et développent des projets ensemble. La formule offre la possibilité de trouver des partenaires de création et puis éventuellement de faire son réseau à l’international », mentionne Morgane Herbstmeyer.

 

Surmontez vos appréhensions, vous trouverez toujours de l’assistance !

« Il y a souvent dans les entreprises des personnes missionnées pour vous assister dans les tâches administratives car c’est un cas de figure régulier pour les studios. Ces personnes peuvent vous aider à régler vos formalités de visa, à trouver un logement. Elles vous proposeront éventuellement des facilités d’hébergement, mais attention cela a généralement un prix : cela vous engage vis-à-vis du studio pendant un certain temps. Les communautés d’expatriés vous accompagneront aussi volontiers. Les antennes de l’Institut Français sont aussi des points de ressources non négligeables, elles peuvent vous aider à trouver des résidences étudiantes », récapitulent les trois intervenants.

 

Repérer les pays qui affichent une volonté politique d’accueil

« Certains pays sont plus ouverts que d’autres, il faut y réfléchir en amont. Il faut penser à la langue, au contexte politique et même au contexte post-covid désormais ! La Nouvelle-Zélande a annoncé des mesures pour soutenir les industries créatives, y compris l’industrie de l’audiovisuel ; cela peut représenter une incitation à venir y travailler. Il faut repérer ce genre d’initiatives. Je suis, par exemple, parti travailler trois ans à Montréal car le crédit d’impôt qui accompagne les sociétés de la filière incite les entreprises à engager plus facilement », explique Pierre Friquet.

« Effectivement, de nombreux étudiants partent au Québec où les demandes sur l’animation et surtout sur le jeu vidéo explosent », confirme Emmanuel Peter.

 

Bien vérifier en amont que l’on peut se conformer à la culture…

Anastasia Heinzl avertit que l’on peut se confronter à d’éventuels « chocs » culturels : « En Finlande vous aurez du mal à voir un réalisateur qui se bat vraiment pour ses idées en disant “Non désolé mais ce sera conforme à ma vision”. Il m’est même arrivé en réunion d’avoir un réalisateur qui réponde à la question “Mais qu’est-ce que tu en penses ?” par “Bah, je n’en sais rien. Moi je veux juste que tout le monde soit content !”.

J’ai des amis qui sont allés travailler aux États-Unis dans les plus grands studios et qui n’y sont pas restés parce qu’ils n’appréciaient pas la manière de communiquer. On leur disait “C’est super ce que tu as fait : est-ce que tu peux tout refaire ?”. Ils auraient aimé un peu plus de dialogue, un peu plus d’interactions dans les échanges ! ».

« Effectivement, aux États-Unis sur la côte Ouest, il y a un esprit californie-start up très direct… C’est peut-être un peu brut, peut-être froid, mais cela a l’avantage d’aller vite ! En fait, il existe de nombreux contextes où il est difficile de comprendre tous les codes culturels. La culture des e-mails est notamment très contrastée et assez étonnante. Aux Etats-Unis, quand on envoie un e-mail, les gens répondent tout de suite. Par contre, en France, c’est compliqué d’avoir une réponse sans insister », complète Pierre Friquet…

 

En résumé

Partir à l’étranger dans le cadre d’un stage ou d’un emploi est une opportunité enrichissante. L’expérience permet d’élargir sa vision du monde et ses champs de compétences. C’est également une opportunité pour se créer un réseau mondial et se confronter à une culture différente. Sachant que les métiers de l’audiovisuel sont particulièrement ouverts à l’international, il n’est pas très compliqué de se lancer dans l’aventure. Vous pouvez même directement partir à l’étranger et chercher un poste sur place.

Si vous n’êtes pas fixé sur un pays en particulier, vous pouvez contacter des recruteurs en amont et voir ce qu’ils vous proposent. Dans tous les cas, le contact humain reste un facteur à privilégier pour faciliter votre intégration.

Cependant s’installer à l’étranger n’est pas toujours facile. Entre les démarches administratives, la barrière de la langue et les différences culturelles, le rêve peut se transformer en cauchemar. De plus, certains pays sont plus accueillants que d’autres. Aussi, renseignez-vous en amont et n’hésitez pas à consulter vos futurs employeurs et collègues.

Enfin, même si leurs expériences sont diverses, les trois intervenants sont d’accord sur une chose : partir à l’étranger est une chance inouïe qui ouvre vos champs des possibles ! À l’issue de cette expérience, tous n’ont qu’une envie : réitérer. Alors, qu’attendez-vous ?

 

La « french touch », un plus qui ne suffit pas toujours !

Les Français bénéficient d’une très bonne réputation en raison de leur créativité et des filières d’excellence française en matière de formation… Mais attention : ils sont aussi perçus comme arrogants ! Il faut donc montrer sa capacité à aller vers les autres et montrer son enthousiasme et son extrême motivation.

 

Article paru pour la première fois dans Moovee #4, p.80/82. Abonnez-vous à Moovee (6 numéros/an) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.