Dossiers spéciaux

4 questions à Julien Deparis, directeur de l’École des Nouvelles Images (ENSI)

ANIMATION

Publié le 02/11/20

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Anciennement directeur de MoPA, Julien Deparis a fondé à Avignon, il y a trois ans, l’École des Nouvelles Images. Rencontre.

Julien Deparis, fondateur et directeur de l’ENSI, l’École des Nouvelles Images à Avignon © ENSI

 

Trois ans après sa création, l’ENSI a-t-elle atteint l’équilibre ?

Nous avons atteint l’équilibre avec 170 étudiants (36 places en première année) mais nous avons encore une marge de progression. Nos coûts de formation se situent dans la moyenne (7 850 euros) et nous arrivons à dégager 100 000 euros par an qui sont reversés à des élèves dans le besoin. Mais la question de notre développement va vite se poser. Si nous voulons éviter d’augmenter le nombre des étudiants ou les frais de scolarité, nous devons rechercher d’autres rapprochements comme celui que nous avons noué avec l’Université d’Avignon ou des partenariats comme celui avec Airbus, etc.

 

Les écoles d’animation ont-elles un statut particulier auprès des éditeurs de logiciels ?

Même si les écoles ont effectivement un statut privilégié, nous dépensons en moyenne chaque année près de 90 000 euros en licences logicielles. Cela représente un coût très élevé. Certains éditeurs jouent le jeu en livrant des licences gratuites (comme Maya d’Autodesk par exemple) ainsi que du support. D’autres comme Adobe (Photoshop, Indesign, Première…) et The Foundry (Nuke, Modo, Katana…) pratiquent des tarifs exorbitants.

Pour notre part, nous avons réduit le nombre des logiciels Adobe sans pour autant verser complètement dans l’open source. Il est important que les étudiants créent des images et ne se contentent pas de rester dans l’apprentissage des interfaces.

 

Les technologies comme le temps réel vont-elles révolutionner la pratique et donc avoir des répercussions sur la formation ?

Je ne le crois pas. Le temps réel permet d’arriver plus rapidement à une certaine qualité d’image, mais il s’agit juste d’une évolution des outils. Je ne suis pas certain qu’il accélère le processus de formation. Dans nos métiers, il est essentiel de comprendre comment une image se construit techniquement et artistiquement. Cette compréhension passe par la maîtrise des outils de modélisation 3D, d’animation, de mise en lumière, de prise de vue… Le temps réel va peut-être permettre aux écoles de s’ouvrir sur de nouveaux champs applicatifs ou de tisser des collaborations nouvelles avec des industries comme celle du cinéma.

 

Comment avez-vous passé la période de confinement ?

Comme nous disposions d’outils de visioconférence et de télétravail performants, nous avons pu maintenir la continuité pédagogique quasi instantanément. Nous avons prêté aux élèves des ordinateurs avec tous les logiciels de l’école. Les éditeurs ont accepté d’ouvrir leurs systèmes de licence. Toutes les promos ont donc eu cours tous les jours et ont pu continuer leurs projets. Mais il a fallu réadapter le programme et décaler certains événements sur l’année prochaine.

 

Extrait de l’article paru pour la première fois dans Moovee #4, p.54/63. Abonnez-vous à Moovee (6 numéros/an) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.